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Présentation de la thèse de Mame Bounama Diagne

Présentation du travail de Thèse de

Monsieur Mame Bounama DIAGNE

(Directeur de Thèse : Pr Baydallaye KANE)

Sujet: La question de l’identité dans la littérature féminine Anglophone de l’immigration.

Avec l’indépendance des colonies britanniques au XXème siècle, certains autochtones décident d’aller aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne à la recherche d’emplois, de conditions de vie meilleures ou pour poursuivre leurs études. Leurs origines, leurs expériences lors de la traversée maritime, leur premier contact avec l’Occident et le choc qui en découle sont autant de thèmes revisités par leurs compatriotes écrivains. De là apparait la littérature de l’immigration qui met en scène le vécu du personnage qui séjourne hors de son pays d’origine. Les choix du héros, ses conflits intérieurs (tiraillements psychologiques) et extérieurs (heurts avec leurs hôtes) ne manqueront pas d’être représentés.

Ces préoccupations seront reprises par des femmes de lettres, en l’occurrence Joan Riley, Andrea Levy, Paule Marshall et Jamaica Kincad, venant des Caraïbes ou issues de parents caribéens. Elles représentent des personnages féminins qui ont quitté leur terre natale pour s’installer en Occident ou qui sont nés là-bas de parents immigrés. Ainsi les auteurs, sélectionnés dans le cadre de cette étude, mettent-ils en exergue la perte de repère des protagonistes, les rapports parfois conflictuels entre eux et leur famille d’une part ou entre eux et leurs hôtes d’autre part, et leur désir de se forger de nouveaux repères.

C’est en ce sens que la littérature féminine anglophone de l’immigration s’interroge sur l’identité même des immigrées et filles d’immigrées caribéennes. Ces dernières sont parfois descendantes d’esclaves et ont aussi des racines blanches du fait de l’union entre leurs aïeuls et les maîtres blancs. Il faut en outre rappeler que cette question de l’identité est dépeinte sous fond de crise. Les personnages concernées entretiennent, à un certain moment de leur vie des relations tendues avec leur mère ; une mère qui par analogie symbolise la terre natale.

Dès lors, il faut s’attendre à ce que l’immigrée caribéenne soit résolument tournée vers le monde occidental en embrassant ses valeurs. N’empêche, cette union n’est-elle pas à la limite contre-nature ? S’exiler vers une autre contrée n’a-t-il pas comme corollaire le rejet d’une partie de soi. L’individu est avant tout un agent culturel et la culture est parfois tributaire d’un milieu bien donné. Quitter cet endroit ne débouche-t-il pas sur un dénigrement de sa personnalité ? En revanche, son intégration dans le milieu d’accueil est-elle une chose facile ? Aux Etats-Unis tout comme en Grande-Bretagne, l’immigrée trouve un pays hostile. En plus d’un climat différent, elle est confrontée à la xénophobie et au racisme. Elle est tout le temps repoussée par une population qui voit en elle une étrangère.

Ce thème ne pourrait ainsi ne pas s’interroger sur les stratégies développées par la femme immigrée ou descendante d’immigrée pour faire valoir ses droits. Mais n’allons pas trop vite. Est-ce qu’être née en Occident est suffisant pour procurer à l’originaire des Caraïbes un statut différent de celui de ses parents ? Bien qu’elle ait vu le jour dans cet endroit du monde qu’elle considère comme sa patrie, la population sur place ne cesse de lui rappeler son appartenance ethnique. Vu toutes ses contradictions, comment parvient-elle à se forger une nouvelle identité ? Aussi, en tant que femme, comment ce processus, fait de rejet, de conflit, de changement et de négociation, affecte-il sa condition. Des Caraïbes à l’Occident, la femme trouve-t-elle plus d’épanouissement dans l’immigration ? Arrive-t-elle réellement à briser les carcans du discours patriarcal ?

Par ailleurs, transcrire une telle expérience ne nécessite-il pas une entreprise artistique particulière de la part des écrivains ? En d’autres termes existe-il une écriture féminine de l’immigration ? Déjà dans les années 1970 et 1980, un groupe de théoriciennes, au premier rang desquelles Hélène Cixous, Luce Irigaray et Julia Kristeva, défendirent l’idée d’une écriture féminine. Ce sera l’occasion ici d’allier cette question à celle de l’immigration. Nous ne manquerons pas aussi de voir les rapports entre les œuvres de notre corpus et celles d’autres écrivains qui ont abordés le champ de l’immigration. Abordent-elles le problème de l’identité de la même manière ?

Voilà autant de questions que pourrait soulever une thématique pareille et dont les réponses déboucheront sur une approche se trouvant à la croisée des chemins entre comparatisme, post-colonialisme, féminisme, inter-culturalisme, psychanalyse, narratologie et intertextualité. Pour se faire, nous avons choisies les huit romans suivants, à raison de deux romans par auteur : The Unbelonging[1] et Waiting in The Twilight[2] de Joan Riley, Fruit of the Lemon[3] et Every Light in the House Burnin’[4] d’Andrea Levy, Brown Girl, Brownstones[5] et Praisesong for the Widow[6] de Paule Marshall, Lucy[7] et Annie John[8] de Jamaica Kincad.

[1]Joan Riley, The Unbelonging, London: The Women’s Press, 1985.

[2] Joan Riley, Waiting in the Twilight, London: The Women’s Press, 1993.

[3] Andrea Levy, Fruit of the Lemon, New York: Picador, 2007.

[4] Andrea Levy, Every Light in the House Burnin’, London: Headline Review, 1995.

[5] Paule Marshall, Brown Girl, Brownstones, New York: The Feminist Press, 1981.

[6] Paule Marshal, Praisesong for the Widow, New York: Penguin, 1983.

[7] Jamaica Kincad, Lucy, New York: Farrar, Straus and Giroux, 2002.

[8] Jamaica Kincad, Annie John, New York: Farrar, Straus and Giroux, 1997.

© March 2013, M.B.Diagne

Tag(s) : #Séminaire du 19 mars 2013